Le Haut conseil de santé publique analyse la vaccination BCG en France
Le HCSP (Haut conseil de santé publique) vient de publier un rapport analysant l'impact de la nouvelle politique de lutte contre la tuberculose inaugurée en France en 2007 pour proposer certains ajustements.
Je vais seulement rapporter ici ce qui concerne la pratique de la vaccination BCG depuis la levée de son obligation en juillet 2007.
Je n'ai trouvé aucun élément cherchant à évaluer l'utilité de cette vaccination. Ce rapport se contente de faire état de la couverture vaccinale selon les enquêtes réalisées par l'InVS (pages 42-43) puis de rapporter les volontés vaccinales dans quelques départements comme le Bas-Rhin pour enfin proposer sa solution pour remédier à une couverture vaccinale BCG qui serait insuffisante :
« Dans le Bas-Rhin, la PMI vaccine systématiquement. Des journées de consultation et de vaccination sont organisées par le CLAT pour favoriser l’utilisation de l’IDR. Il existe une politique de vaccination très volontariste dans ce département, les personnes interrogées reconnaissant dépasser les recommandations et souhaiter un retour à la vaccination universelle. »
Sur cet exemple nous constatons donc que la PMI de ce département ne cherche nullement à appliquer les recommandations du HCSP et du ministère mais applique avec un zèle aussi extrême qu'étrange sa propre politique vaccinale.
Ce n'est pas nouveau...A l'audition publique des 13-14 novembre 2006 sur la levée de l'obligation de la vaccination BCG la PMI de Paris ne ressentait aucune gêne à déclarer ouvertement qu'elle s'opposait à l'entrée en crèches et garderies de tout enfant non vacciné même avec une contre-indication impérieuse comme l'eczéma, affirmant, contre la loi de la République, qu'un enfant non vacciné par le BCG n'avait pas sa place en collectivité !!!
Voir à ce sujet, sur le site de la Sfsp (Société française de santé publique) le diaporama présenté au cours de cette audition par le Dr Véronique Dufour de la PMI de Paris, diapo 17 (diaporamas des intervenants) :
"Position du service : on admet les enfants que s'ils sont vaccinés...Les contre-indications ne relèvent pas du mode de garde collectif"
Le rapport du HCSP poursuit :
« Dans l’Isère, le BCG est réalisé par le CLAT, sur demande d’un pédiatre ou d’un médecin généraliste. Ce centre propose également une formation à la technique de l’intradermoréaction. Le but est d’augmenter l’activité vaccinale. Ainsi 590 personnes l’ont été en 2009 alors qu’elles étaient 520 en 2008. Le CLAT travaille également avec la maternité pour inciter à vacciner. »
C'est clair : le but est d'augmenter l'activité vaccinale alors qu'on pourrait penser qu'il pourrait être de mieux lutter contre la tuberculose et d'améliorer la santé de la population. Personne ne se pose la question de l'utilité de cette activité, il faut seulement l'amplifier le nez sur le guidon.
Le HCSP propose alors ses solutions pour...augmenter le nombre d'enfants vaccinés sans se demander si c'est vraiment utile :
« Ainsi, l’optimisation de l’approche vaccinale n’est pas atteinte à la fin du PNLT. Selon un de nos interlocuteurs, c’est d’abord du fait des difficultés à associer les médecins libéraux, pédiatres notamment, désengagés depuis 2005 et très réticents à vacciner. »
A aucun moment le HCSP se demande pour quelles raisons ces médecins et pédiatres sont très réticents à vacciner. Il pointe aussi une autre difficulté, la complexité du calendrier vaccinal :
« En outre, le calendrier vaccinal pose problème, car il devient trop compliqué. »
Ça c'est bien vrai ! Mais qui a établi le calendrier vaccinal sinon le HCSP !!! Supprimer le BCG qui ne sert à rien même si on lui reconnaît une certaine efficacité contre les rares méningites tuberculeuses de l'enfant, bénéfice équilibré par les graves complications de cette vaccination comme les bécégites disséminées sans parler des autres inconvénients.
La seule préoccupation du HCSP est alors de se demander comment contourner les réticences des médecins et pédiatres plutôt que de les comprendre :
« Une solution pourrait être de vacciner en maternité. Mais là encore la mesure se heurte au refus des gynéco-obstétriciens et des pédiatres. Il resterait la possibilité de convaincre les sages-femmes. Enfin un réseau établi entre la maternité, les CLAT et la PMI permettrait de débloquer la situation. Ces approches n’ont pas été mises en œuvre à ce jour de façon volontariste, en raison parfois du manque de levier disponible pour les acteurs des services déconcentrés. »
Voilà l'idée : faire entrer les PMI dans les maternités pour court-circuiter les vrais médecins !
Pendant des décennies la France a envoyé à grands frais ses équipes dans les écoles pour y tester l'immunité anti-tuberculeuse des élèves alors qu'on savait pertinemment depuis 1970 sinon 1930 que le test tuberculinique ne testait pas cette immunité. Il a fallu attendre fin 2004 pour mettre fin à cette plaisanterie couteuse (et pas seulement en argent).
Pendant toutes ces décennies le seul objectif de ces équipes zélées était de tester un maximum d'élèves et autres le plus souvent possible sans aucune utilité réelle. Ce joujou leur ayant été retiré des mains ,ces équipes se réinvestissent aussitôt dans un autre jeu tout aussi inutile et encore plus dangereux : vacciner un maximum d'enfant, si possible dès la naissance ,sans jamais se préoccuper ni des conséquences ni de l'utilité de telles actions.
Mais pourquoi un tel zèle ?
La réponse me paraît simple : trouver une occupation suffisamment prenante pour ne pas apparaître comme étant disponible pour la seule lutte véritablement efficace contre la tuberculose, à savoir :
MONTER AU FRONT !
Monter au front, c'est à dire aller là où sont les tuberculeux contagieux qui contaminent en particulier des enfants et entretiennent la maladie. Là où, pour de multiples raisons ou prétextes, personne ne veut aller. Alors il faut paraître occupé et faire semblant de participer activement à la lutte contre la tuberculose...
La diapo 23 de l'intervention déjà citée à l'audition BCG est assez significative. On y lit :
"La crèche peut être un lieu hautement exposant en présence d'un contaminateur"
Sans doute, mais le rôle de la PMI devrait être d'éviter cette situation en recherchant activement les contaminateurs plutôt que d'attendre passivement que les enfants soient contaminés en espérant que le BCG les protégera ! C'était bien cet état d'esprit que le plan tuberculose et la levée de l'obligation du BCG visaient à changer. Nous sommes contraints de constater qu'il n'en est rien.
Voici ce qu'écrivait le professeur Élisabeth Bouvet dans l'éditorial du BEH 10-11 du 18 mars 2003 :
« le BCG présente d’autres inconvénients. Il donne l’illusion que tout est fait pour prévenir la tuberculose en France quand la population est vaccinée par le BCG. Il conforte dans l’inconscient collectif des populations l’idée que le problème de la tuberculose est résolu puisque la vaccination par le BCG est généralisée.
On peut espérer que l’abandon de la vaccination généralisée permettra d’impulser une attitude active de lutte contre la tuberculose par des interventions de terrain ayant pour objectif le dépistage des cas d’infection et leur traitement afin d’éviter la survenue de nouveaux cas de tuberculose contagieuse.
C’est véritablement un changement complet de stratégie qui est à prévoir. »
On pouvait espérer...