Le BCG en Suisse
La vaccination à la naissance
et à l’école a été abandonné au cours
des années 1990 dans les divers canton
suisse. On peut se demander si cela a modifié la prévalence de la
tuberculose infantile dans ces cantons.
« Absolument pas, répond
InfoVac suisse [1], la tuberculose infantile est
devenue et reste exceptionnelle dans la population indigène de notre pays. La
maladie tuberculeuse est rare chez les citoyens suisses de même que chez les
ressortissants étrangers établis de longue date chez nous. Au contraire, elle
reste un problème chez les enfants originaires de pays à haute prévalence
tuberculeuse.
Selon les recommandations actuelles de l’OMS, la vaccination
par BCG n’est recommandée dans les pays d’endémie faible, comme le nôtre, que
pour les sujets appartenant à un groupe à risque élevé et dès la naissance (ou
au plus tard avant le premier anniversaire). En Suisse, la population ciblée
est donc les nouveaux-nés et nourrissons de moins de 12 mois dont les parents
sont originaires de pays à prévalence élevée (Afrique, Asie, Amérique latine,
Europe de l’est, Portugal) et qui seraient susceptibles d’y retourner. »
Voici le point de vue officiel sur l’efficacité du
BCG en Suisse (Office fédéral de la santé publique) [2]:
« La vaccination ne
modifie pas l’endémie de la tuberculose. L’arrêt de la vaccination dans
beaucoup de pays européens n’a pas entraîné de recrudescence des cas de
tuberculose dans la population enfantine de ces pays ». Affirmation accompagnée par toute une série de références.
« Diverses études, effectuées sur des populations
différentes et avec des vaccins différents, ont permis de dégager deux
caractéristiques générales du vaccin BCG : 1) La vaccination par BCG
protège essentiellement contre les formes disséminées de la maladie tuberculeuse, c’est-à-dire la méningite et la
miliaire. 2) Plus l’âge au moment de la vaccination est élevé, plus
l’efficacité est réduite*. Elle ne prévient pas l’acquisition de
l’infection (laquelle est le plus souvent latente) et prévient mal le
développement d’une pneumopathie tuberculeuse.
On peut estimer que la
vaccination du nourrisson (seule indication encore admise dans notre pays)
assure une protection d’environ 80% contre l’évolution vers la méningite et la
miliaire ».
C’est pour cette raison que la vaccination n’est pas
indiquée pour les enfants suisses, ni pour les enfants de nationalité étrangère
dont les parents sont installés en Suisse. Cependant elle reste recommandée pour les nouveau-nés et les
enfants de moins de 12 mois dont les parents sont originaires de pays d’endémie
tuberculeuse élevée (Afrique, Asie, Amérique latine, Europe de l’Est, Portugal)
et qui sont susceptibles d’y retourner. Cette recommandation n’a posé aucun
problème de nature éthique dans ce pays pourtant pointilleux.
Plus encore, comme le précise les responsables suisses, « selon
les recommandations actuelles de l’OMS, la vaccination par BCG n’est
recommandée dans les pays d’endémie faible, comme le nôtre, que pour les sujets
appartenant à un groupe à risque élevé et dès la naissance (ou au plus tard
avant le premier anniversaire) ». C’est pourquoi la vaccination des enfants
de plus d’un an, même jugés à risque, et des adultes n’est plus pratiquée
ni recommandée, même pour les adultes exposés à la tuberculose dans le cadre de
leur activité professionnelle et pour ceux qui voyagent dans des zones
d’endémie élevée. Ce pays, qui héberge l’OMS, est bien placé pour connaître ses
recommandations et les appliquer scrupuleusement contrairement à l’un de ses grands
voisins...
*L’OMS exprime dans un gros document sur la tuberculose [3] un point de vue apparemment opposé en
considérant au contraire que le BCG serait plus efficace à l’âge scolaire mais
qu’en milieu contaminé c’est trop tard alors qu’à la naissance le système
immunitaire n’est pas encore mature. En réalité il s’agit de 2 efficacités
différentes : l’efficacité immunologique d’une part et l’efficacité
réelle. Le BCG serait immunologiquement plus efficace s’il est fait à 5 ans
mais si l’enfant est déjà contaminé on ne pourra lui faire et cela ne servira à
rien. D’où la nécessité, si on veut avoir une chance qu’il soit utile, de le
faire le plus tôt possible mais avec les risques que cela comporte ( voir
article Les BCGites disséminées)
Les
propriétés du BCG pour les Français ne sont sans doute pas très différentes de celles reconnues pour les
Suisses : une action limitée aux seules méningites tuberculeuses et
miliaires, soit une quinzaine de cas par an chez les moins de 15 ans en France.
Les conclusions faites en Suisse sont en accord avec celles publiées en 2001
par notre l’Institut de veille sanitaire [4] :
«Au plan national, le nombre de cas de tuberculose évités
actuellement chaque année par le BCG se situe entre moins d’une dizaine,
dans l’hypothèse la plus défavorable au vaccin à plus de 250 dans l’hypothèse
la plus favorable envisagée. Cependant, les données de la littérature plaident
en faveur d’un pouvoir protecteur réel du BCG proche de la première
hypothèse (efficacité limitée à la prévention des miliaires et méningites
du jeune enfant). »
Cette reconnaissance aurait dû conduire aux mêmes conclusions
chez nous. Mais il y eut une « réaction » qui s’exprima 3 ans plus
tard dans l’expertise collective de l’Inserm de novembre 2004 [5] qui présente
l’hypothèse la plus favorable au vaccin évitant 800 cas ainsi qu’une hypothèse
moyenne en évitant 320, mais qui a oublié l’hypothèse la moins favorable au
vaccin, et pourtant jugée 3 ans auparavant comme étant la plus probable par
l’étude de l’InVS, alors qu’il existe des auteurs communs aux 2 études….
L’expertise
de l’Inserm fait maintenant autorité dans notre pays et ce sont ses conclusions
que le Comité technique des vaccinations et le Conseil supérieur d’hygiène
publique ont repris dans leur avis du 30/09/05 :
« L’arrêt total de la vaccination par le BCG entraînerait une augmentation annuelle des cas de tuberculose chez les enfants de moins de 15 ans non négligeable, estimée de 320 à 800 cas dont au moins 10 à 16 de méningites ou miliaires tuberculeuses chez l’enfant. »
Plusieurs articles de ce blog exposent ce qu'on peut en penser (catégorie l'expertise et le BCG).
[1] http://www.swiss-paediatrics.org/paediatrica/vol14/n2/qbcg-fr.html
[2] http://www.swiss-paediatrics.org/paediatrica/vol14/n2/bcg-fr.html
[3] http://whqlibdoc.who.int/publications/2005/9241546344_fre.pdf
[4] Impact épidémiologique d’une modification de la
politique de vaccination par le BCG en France- InVS 2001
http://www.invs.sante.fr/publications/rap_bcg_1101/index.html